Les travaillistes doivent agir maintenant pour relancer l'économie
La récente victoire écrasante des travaillistes offre une rare occasion de relancer et de transformer l'économie britannique. Le triomphe du parti, alimenté par des promesses de stabilité politique et économique, est perçu comme une réponse à des années de chaos, notamment aux retombées du mini-budget de Liz Truss, qui a laissé une impression durable sur des électeurs clés.
La stabilité ne suffit pas
Les dirigeants travaillistes comprennent que si la stabilité est cruciale, elle n'est pas suffisante pour conduire les changements dont l'économie a besoin. Malgré la stratégie générale exposée dans le manifeste du parti travailliste en faveur d'une économie plus forte, les critiques affirment que le plan ne comporte pas les mesures de transformation détaillées nécessaires pour concrétiser cette vision. L'investissement public net, par exemple, devrait encore être réduit par rapport aux niveaux actuels.
Le projet de "securinomics" de M. Reeves - un nouveau modèle économique dans lequel le gouvernement joue un rôle plus actif en préparant le secteur privé à des investissements massifs dans l'industrie verte - a été critiqué pour son manque de soutien financier. Alors que le parti travailliste vise à imiter l'approche du président américain Joe Biden, qui consiste à investir des milliards dans les énergies et les véhicules verts par le biais de subventions, de prêts et d'allègements fiscaux, les critiques qualifient le plan du parti travailliste de "Bidenomics sans l'argent".
La nécessité d'une action urgente
Malgré ces critiques, les dirigeants travaillistes ont été assurés qu'une vague d'investissements privés - potentiellement des centaines de milliards de livres sterling d'ici la fin de la législature - est prête à être débloquée, à condition qu'il y ait une certitude politique, économique et stratégique. Toutefois, les investisseurs avertissent que les travaillistes doivent agir rapidement pour garantir ces investissements, car des retards dans la mise en œuvre de la politique de planification ou de la politique énergétique pourraient bloquer des projets cruciaux.
Des dizaines de milliards d'investissements dans les énergies renouvelables, par exemple, sont actuellement bloqués par des litiges en matière de planification et une longue attente pour les connexions au réseau national. M. Reeves a souligné que cette situation a conduit à "un véritable moratoire sur la construction des formes d'énergie les moins chères".
Défis et décisions audacieuses à venir
Alors que le parti travailliste passe du mode campagne au mode gouvernemental, des défis importants l'attendent. Le parti devra s'attaquer aux problèmes immédiats des finances publiques, notamment les faillites potentielles des conseils municipaux et des universités, ainsi que la pression exercée sur l'enseignement spécialisé par les coupes budgétaires des conseils municipaux. Bien que le parti travailliste ait exclu d'augmenter les principaux taux d'imposition, d'autres taxes pourraient être ajustées dans le prochain budget d'automne. Les travaux sur la révision des dépenses commenceront également rapidement.
Un certain optimisme règne quant à la possibilité que la Banque d'Angleterre commence à réduire les taux d'intérêt dès le 1er août, ce qui soulagerait les consommateurs et les finances publiques. Cependant, les travaillistes devront prendre des décisions difficiles et transformatrices pour relancer la faible croissance économique de la Grande-Bretagne. Ces réformes de type "Big Bang" pourraient se heurter à une opposition, notamment dans les domaines liés à la construction de logements et aux mesures de transition vers une économie nette zéro, mais la majorité écrasante du parti travailliste lui confère l'autorité nécessaire pour faire passer les réformes économiques indispensables.
La voie à suivre
L'approche prudente du parti travailliste pendant la campagne électorale, qui s'est concentrée sur le maintien de son avance dans les sondages, ne peut pas se poursuivre dans la gouvernance. Le parti dispose désormais d'un mandat et d'une majorité pour mettre en œuvre des réformes économiques audacieuses. Comme l'a déclaré Mme Reeves, "nous devons sortir de la spirale infernale de la faible croissance, des impôts élevés et des services publics médiocres".
Pour attirer les investissements transformateurs nécessaires pour faire du Royaume-Uni l'économie à la croissance la plus rapide du G7, les travaillistes doivent faire preuve d'audace et de détermination. Le temps des stratégies prudentes est révolu ; le nouveau gouvernement doit agir rapidement pour tirer parti de son mandat électoral et relancer l'économie britannique.
05.07.2024